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Agency : la série coréenne entre Dallas et Mad Men

Casting de la série Agency

Je sais ce que c'est que d'être concepteur-rédacteur. Et je sais ce que sais qu'intriguer, puisqu'il paraît que c'est dans la culture française plus que dans la culture allemande, si j'en crois Sabine. J'ai donc découvert avec surprise et délectation une série assez anodine dans l'univers des agences de pub en Corée du Sud. Immersion.

De rédactrice à Directrice Création

La série Agency suit les déboires professionnels de Go A-In, au départ simple rédactrice qui a gravi les échelons dans l’agence VC Communications. Cette dernière appartient à un chaebol, conglomérat familial coréen qui rassemble plusieurs secteurs d’activité.

À la faveur d’un recrutement interne, Go A-In se retrouve propulsée Directrice Création chez VC Communications… en lieu et place de son ennemi juré, le machiavélique Choi Chang-Su. Persuadé que le poste lui revient de droit, il fulmine alors qu’on lui explique en aparté que ce recrutement n’est qu’une affaire de buzz. Installer une femme en tant que Directrice Création est censé booster l’activité de l’agence pendant un an. Au terme de de délai, Go A-In se verra proposer un poste académique et Choi Chang-Su prendra sa place comme tout le monde l’attend – lui le premier.

Mais c’est sans compter sur l’irruption de Kang Han-na, l’héritière du groupe, chez VC Communications. Passionaria des réseaux sociaux, elle passe ses journées à discuter avec ses copines fortunées entre deux flâneries avec son factotum, à la fois chauffeur, secrétaire et garde-du-corps-confident, le stoïque Park Young-Woo.

Jeux d'influence et luttes de pouvoir

Le triptyque est posé, les jeux d’influence et de pouvoir peuvent commencer. S’ils se limitent au départ à VC Communications, ils gagnent bientôt toute la structure du groupe. On découvre en effet que les deux héritiers du chaebol VC Group, le frère et la sœur, se livrent une bataille acharnée par le biais de leurs « serviteurs »*, les différents employés de leurs structures.

L’intrigue – croyez-moi, dans ce cas le mot n’est pas galvaudé – se retrouve alors à tous les niveaux : directeurs, anciens directeurs, mais aussi au sein même de la famille qui possède le chaebol ou encore entre les classes. À ce sujet, l’ascension de l’héroïne Go A-In et ses mésaventures avec ses subalternes ou encore le lien entre l’héritière et son secrétaire restent des thèmes récurrents de la série.

On voit alors les différents protagonistes rivaliser d’ingéniosité pour arriver à leurs fins. À ce sujet, on notera la débauche de créativité et l’environnement feutré de la fameuse scène du pitch qui servira à sauver la tête de Kim Woo-Won, président de Woowon Group et administrateur de VC Group, inculpé pour une affaire de détournement de fonds. On notera d’ailleurs que l’amphithéâtre de l’épisode 9 de la série Celebrity** est le même que celui dans lequel les agences attendent pour le pitch dans Agency.

Créativité et vent de fraîcheur

J’avais adoré Mad Men pour sa description assez fine du passage des années 50 aux années 70 à travers le prisme d’une agence de communication et sa galerie de personnages. Avec Agency, on nage tout simplement dans l’univers de la création publicitaire : entre directeurs artistiques et rédacteurs, entre équipe projets et équipe créa, entre VC Communications et ses concurrents… mais aussi entre les « serviteurs » au plus bas de l’échelle sociale (intérimaires, secrétaires, nouvelles recrues) et celles et ceux qui ont réussi à tracer leur chemin à force de travail ou de connaissances (de « vitamine B » pour Beziehung, comme disent les allemands).

En toute franchise, je ne connais pas assez bien la culture coréenne pour dénicher les clichés sur leur culture que la série pourrait colporter. Si l’amour des coréens pour les pauses déjeuner et leur viande de bœuf est bien mise en avant, les scénaristes ne se sont pas gênés pour écorner l’image du Japon quand ils l’ont pu. Notamment lorsque le directeur communication de la banque connue pour sa réputation d’usurier négocie avec Go A-In une éventuelle campagne.

Un détail qui a frappé mon œil de traducteur et rédacteur français : les excellents sous-titres en français de Nicolas Buczek (crédité à la fin de la série). Merci à lui d’avoir utilisé « révéler être » à la place de la mauvaise construction « avérer être » 😉 !

Pourquoi j’ai aimé cette série ? À côté des scénarios téléphonés des productions américaines ou des pâles copies de certaines productions européennes disponibles sur la plateforme au N rouge, Agency apporte un (chae)bol d’air frais.

Malgré (ou peut-être grâce à ?) ses musiques à mi-chemin entre « Qui veut gagner des millions » et « Game of Thrones », Agency réussit son pari de faire monter la mayonnaise à peu de frais tout en exaltant le conformisme satiné de façade que l’on prête aux puissances économiques de l’arc asiatique. J’espère que vous éprouverez le même plaisir que moi à la découvrir…

À bientôt 😉 !

M.T.


* Terme utilisé à plusieurs reprises dans le sous-titrage français de la série.
** Série coréenne sur le thème des influenceuses sur les réseaux sociaux

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